J'ai fait une petite sortie avec LABBEBEN hier soir après le boulot. Le temps était excécrable. Il n'en fallait pas plus pour nous décider à rouler. Nous sautons sur nos vélos et partons en direction de la Germanie pour contourner un petit massif montagneux que les allemands ont transformé en une fabuleuse source de vin blanc, au terme de quelques travaux paysagers qui se sont tout de même étalés sur plusieurs siècles.
Quand la nuit est tombée, il faisait vraiment très noir. Il n'y avait rien de plus nocturne que cette nuit sans lune.
Nous traversons les petites villes coquettes aux rues pavées qui s'égrènent sur le parcours. Peu de monde dans les rues si ce n'est quelques carnavaliers en détresse qui tentent de retrouver le chemin de leur logis. Ce soir, le ciel est plombé pour des heures et l'écho de leurs vociférations leur sera plus utile pour se repérer que la contemplation de l'étoile polaire.
En dehors du vent qui souffle avec rage, tout paraît tranquille mais évidemment ce calme est trompeur. Derrière les volets clos et les rideaux soigneusement amidonnés, ce n'est que stupre et fornication, violences conjugales, ivrognerie et autres scènes inoubliables de la vie de couple.
Benoît et moi, devisons sur l'avenir du monde, la place de l'homme dans la société, le mystère de la vie et la pression de gonflage de nos pneumatiques. A part le Jägermeister, je ne vois rien qui puisse nous faire briller les yeux autant que ces considérations mystiques.
Au retour, le vent s'acharne contre nous. Nous le prenons comme un cadeau du ciel destiné à éprouver le cycliste et nous l' acceptons de bonne grâce. Ailleurs c'est pire. Sur les hauts-plateaux des Cévennes, il soulève les toitures et c'est par milliers qu'il précipite au fond des puits, les petites vieilles venues y tirer l'eau pour leur tisane du soir.
Et puis, subitement, le vent décide d'épargner ce qui reste des grand'mères cévenoles. Il cède la place à une petite pluie fine. Notre retour se passe sous un petit crachin breton.
Je voudraix remercier publiquement mon jeune ami Benoît. Comme il est très jeune, il veille à mon bien-être avec un zèle qui l'honore. Craignant que je m'enrhume ou que je maigrisse, il me nourrit et s'inquiète périodiquement de ma santé. Bref, il a pour moi, le même regard que le petit épargnant pour son livret A.
Voilà qui me réconforte.